Marcher dans le brouillard des Iles Cies

16 juin 2021, sac à dos, baskets aux pieds, lunettes de soleil sur le nez, je me dirige vers le port pour ma destination du jour : las Islas Cies, réserves naturelles de la région de Vigo. Sur le chemin, je m’achète quelques cerises, une banane et de l’eau pour le trajet. Ecouteurs dans les oreilles, je me dirige vers le port d’un pas décidé, prête à découvrir cette merveille. Les Iles Cies sont protégées et leur accès est possible uniquement sur inscription. Au programme de la journée : marcher jusqu’au phare de l’île pour contempler l’archipel, prendre de la hauteur. Le chemin est jalonné d’une flore incroyable, d’un décor parfait entre plage et montagne. Je m’arrête et souris sans arrêt. Ce DisneyLand pour biologistes me rend folle. Je n’ai évidemment retenu le nom d’aucune espèce mais j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder les fleurs jaunes, roses, mauves et blanches danser dans le vent.

A l’arrivée au sommet du phare, c’est le brouillard : on n’y voit rien. Je me marre comme jamais. Je ris pendant que d’autres passants se plaignent d’avoir fait cette montée pour « rien ». Ce n’est pas rien de marcher dans la nature pendant deux heures, ce n’est pas rien de s’extasier, ce n’est pas rien d’avoir le souffle coupé, ce n’est pas rien d’entendre des bruits d’animaux cachés entre les arbres, ce n’est pas rien de sentir ses muscles trembler à quelques mètres du sommet. Le chemin parcouru, ce n’est pas rien. Le chemin parcouru, ce n’est pas rien. Je me répète cette phrase, apaisée. Et puis même brouillée, la vue depuis le sommet est belle. Quand on cherche « brouillard » dans le dico, voilà ce que ça dit :

♦ Être dans le brouillard. Ne plus savoir exactement ce que l’on fait.  Bon Dieu, à ce moment-là précis de ma vie, ça me parle. Je ne sais pas exactement ce que je fais mais je fais. Sur ce chemin où mon âme me dit d’aller, je vais, j’apprends à lâcher prise.

Lorsque je redescends du phare, le ciel reprend sa couleur bleutée et s’éclaircit petit à petit, doucement, redonnant lumière à cette nature extraordinaire. Je marche et photographie. La faune n’a pas à rougir de la merveilleuse flore insulaire. Les goélands sont chez eux. Ces majestueux hôtes volants m’accompagnent sur toute la promenade. Je m’arrête manger des cerises face à la plage et contemple l’un d’eux posté à quelques mètres de moi. Je me suis fait un nouveau pote.

Lorsque je reprends la route, je m’approche de l’eau et m’aventure à y mettre les orteils. Elle, glaciale, je me sens vivante. Je n’y reste pas longtemps fixant subjuguée la seule personne du groupe de visiteur.se.s de l’île à y barboter. Elle rit et joue dans cette immensité liquide et froide. Je reviens vers le restaurant de l’île pour y boire un café et laisse un vocal à mes amies pour leur faire un court débriefing de cette journée de contemplation. Plus loin, une jeune femme parle également au téléphone en français. On se sourit.

  • Tu es française ?
  • Non belge, je suppose que tu es française.
  • Oui, je voyage en solo. Toi aussi ?
  • Oui, moi aussi. Quelle magnifique journée.
  • Pareil, c’est tellement beau
  • Tu prends aussi le bateau ?
  • Oui, ça te dit qu’on prenne le café ensemble ?
  • Avec plaisir !

Cette jeune femme, s’appelle Irine, elle travaille dans le milieu culturel et on a très vite trouvé plein de sujets de conversations dès les premières minutes d’échanges. Une fois, dans le bateau, elle me demande :

  • Tu descends à Vigo
  • Non à Cangas, mais je dors à Vigo ce soir. Je n’ai pas encore d’hôtel.
  • Ah, tu pars vraiment à l’aventure !
  • Oui, c’est le moins qu’on puisse dire. Tu loges où à Vigo ?
  • Dans un petit hôtel petit budget mais très sympa, pas loin du centre. Je te le recommande
  • C’est exactement ce que je recherche. Je regarde tout de suite s’il y a de la place sur Booking, ça m’évitera de chercher et on pourra continuer notre conversation.
  • Oui, ce serait super !

Trois clics plus tard, j’ai une réservation dans le même hôtel qu’Irine. Et quelques vagues plus loin, Irine et moi échangeons nos contacts et programmons de nous revoir à l’hôtel.

Je file chercher ma valise, retourne au port pour prendre le ferry, cette fois-ci, direction Vigo. Le ciel est complétement dégagé. Bleu. Puissant.

2 Replies to “Marcher dans le brouillard des Iles Cies”

  1. J’adooooore <3

    1. Merci de me lire Marie ! Contente que tu aies apprécié cette nouvelle. J’ai hâte d’en écrire d’autres 🙂

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