Se confier à une inconnue à Vigo

Je reprends la mer de Cangas à Vigo. Dans le bateau, je cherche un covoiturage pour Madrid histoire de profiter de ma soirée tranquillement. J’ai la chance d’avoir le souci en moins du gîte pour la nuit. Je fonctionne au jour le jour, je dirais même d’heure en heure.

Arrivée à ma chambre d’hôtel, je me débarrasse du sable de la journée, prend une douche rapide avant de rejoindre mon acolyte du jour pour arpenter la capitale galicienne. Nous sortons dîner. Irine et moi parlons de nos familles, de nos relations, des personnes qui ont traversé nos vies et de celles toujours à nos côtés. Un agréable dîner, une balade, des rires et même des pleurs. Cela fait trois jours que je n’ai pas eu d’interactions prolongées avec une personne, qui plus est, en français.

Il est parfois plus facile de se confier à une inconnue qu’à nos proches. Ce regard extérieur et distant peut résonner tout aussi fort. Nous vibrons. Je chéris cet instant. Comme mon voyage, tout est fluide.

Lorsque, je rentre à l’hôtel, je refais mon paquetage pour mon voyage hypothétique du lendemain. J’ai fait une demande sur BlaBlaCar pour un voyage vers Madrid à 11h30 du matin en espérant qu’elle soit acceptée à mon réveil. Je lâche prise avec pour seule certitude que je partagerai un petit déjeuner avec Irine sur les coups de 9h. On a envie de terminer notre conversation nocturne de trentenaires pleine de rêves et d’ambitions et de prolonger ce moment de douceur suspendu et d’échanges.  A 1h du matin, Helena m’envoie un message.

• Bonsoir Leïla, désolé de ne te répondre que maintenant, je n’avais pas vu ton message. Je voyage avec un chat. J’ai vu dans ton profil que tu ne désirais pas voyager avec des animaux. Du coup, pas sûre que cela t’intéresse.
• Bonsoir Helena, pas de problème pour ton chat. J’ai un peu peur des chats mais ça va mieux et cela me fera un bon exercice. Et au pire, je pourrais t’accompagner à l’avant pendant le voyage.
• Alors si ça te va, c’est bon pour moi. A demain Leïla
• A dans quelques heures Helena 😉

Danse de la joie. C’est confirmé, demain, je reprends la route pour Madrid.

Irine et moi, nous quittons très émues et reconnaissantes de s’être rencontrées.

• Je ne te connais pas et tu as pourtant dit des choses si justes sur mes émotions et mes craintes. Je n’oublierai pas cette rencontre, merci beaucoup me dit-elle, les larmes aux yeux.
• Merci à toi d’avoir partagé avec moi, un bout de ton histoire. Moi aussi je ne t’oublierai pas et je te souhaite tout le meilleur sur ton chemin de vie Irine, répons-je, touchée par ses mots pleins d’amour.

Par moment, j’ai l’impression d’être un gourou un peu perché. Je suis loin d’être un symbole de stabilité et de sagesse mais, il parait que, j’ai les mots justes. D’ailleurs, quand je parle aux autres en mode Ted Ex, en vrai, je me parle à moi-même. Toujours.